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Clémence Degironde, Responsable des Interventions Non Médicamenteuses chez Clariane, nous éclaire sur les causes et conséquences de la déambulation ainsi que les différentes manières de maintenir une liberté de mouvement tout en garantissant la sécurité des personnes.
Qu’est-ce que la déambulation et pourquoi se manifeste-t-elle davantage chez les personnes atteintes de troubles cognitifs ?
La déambulation est un trouble du comportement fréquemment observé chez les personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives telles qu’Alzheimer. C’est une activité motrice, souvent répétitive, qui peut avoir ou non un but apparent. Certains cherchent à sortir, à retrouver un lieu, une personne ou encore un objet ; d’autres marchent sans but précis, parfois simplement par habitude, pour soulager une angoisse ou un inconfort : physique (digestif par exemple) ou moral.
Cette déambulation est fréquemment accentuée le soir, moment où les angoisses émergent le plus. Elle est liée à une perte de repères spatio-temporels : les personnes ne savent plus où elles sont, ni quel moment de la journée il est. Par exemple, cette désorientation peut les pousser à chercher leur « chez-soi » même lorsqu’elles sont déjà à domicile.
Y a-t-il un lien entre déambulation, troubles du sommeil et troubles cognitifs ?
Il existe un enchevêtrement complexe entre troubles cognitifs, troubles du comportement (dont la déambulation) et troubles du sommeil. On observe souvent un rythme veille/sommeil inversé : les personnes dorment le jour et sont actives la nuit, notamment en raison de la perte de repères temporels, conséquence des troubles cognitifs.
La déambulation nocturne peut être causée par :
- des difficultés d’endormissement,
- des réveils fréquents la nuit,
- une sensation de faim (souvent liée à des repas pris tôt le soir),
- ou un stress non évacué.
Inversement, la déambulation elle-même aggrave les troubles du sommeil ce qui accentue la fatigue, le risque de chute et la désorientation. Les troubles du sommeil peuvent également se manifester en amont de la déambulation.
Comment les équipes Korian prennent-elles en charge la déambulation et les troubles du sommeil ?
La gestion de la déambulation et des troubles du sommeil en Ehpad repose sur un aménagement spécifique de l’environnement et une organisation du quotidien pensée pour les résidents atteints de troubles cognitifs. Dans les espaces de vie protégée (EVP), l’architecture est pensée pour maintenir une liberté de mouvement tout en garantissant la sécurité, au sein de petits lieux de vie, plus rassurants.
Cela passe par des parcours de marche sécurisés, des espaces circulaires afin que le résident ne se retrouve pas dans une situation « sans issue », l’utilisation de repères visuels et d’objets familiers, ainsi que l’intégration de dispositifs sensoriels (sacs multisensoriels, murs d’activités, éclairages adaptés…).
Au-delà de l’environnement, le rythme de la journée est structuré autour de rituels et d’activités adaptées, afin de proposer des alternatives à la déambulation et ainsi limité l’épuisement et les risques de chutes. Les moments clés (repas, toilette, coucher…) sont ritualisés, et des activités apaisantes ou motrices sont proposées : marche, jardinage, peinture, musique, massages… Ces initiatives aident à réduire l’anxiété et favorisent un meilleur sommeil nocturne.
La démarche est centrée sur l’individualisation : les habitudes de vie, les préférences et les sources d’angoisse de chaque résident sont prises en compte, notamment lors de l’élaboration du projet personnalisé.
Quels sont les défis rencontrés par les soignants dans la gestion de ces troubles ?
Pour les soignants, la gestion de la déambulation et des troubles du sommeil représente un véritable défi quotidien. Il faut d’abord identifier les causes sous-jacentes de ces comportements : douleur, anxiété, faim, inconfort, besoin de réassurance… Ensuite, il s’agit de trouver un équilibre entre sécurité et respect de la liberté d’aller et venir. Cette vigilance constante, de jour comme de nuit, permet d’éviter des situations qui pourraient être conflictuelles : intrusions dans les chambres, réveils mutuels entre résidents, désorganisation du groupe…
Pour pallier cela, les équipes ont besoin de formation continue, de soutien psychologique et d’un travail collectif. De plus, la coordination pluridisciplinaire (aides-soignants, infirmiers, médecins, psychologues, animateurs, ergothérapeutes…) est essentielle pour construire des réponses adaptées.
Que peut-on recommander aux aidants qui accompagnent à domicile une personne qui est sujette à la déambulation ?
Les familles peuvent également être confrontées à de nombreuses difficultés lorsqu’elles accompagnent leur proche à domicile. L’un des points les plus éprouvants est la déambulation nocturne, qui impose une surveillance constante. Elle peut ainsi engendrer chez l’aidant de la fatigue et de l’épuisement.
Pour les aidants, l’objectif est de sécuriser l’environnement tout en respectant les besoins d’activité et d’expression de la personne.
Il ne s’agit pas d’empêcher la déambulation, mais de l’encadrer dans son lieu de vie sécurisé. Cela peut passer par la suppression des obstacles (tapis, objets au sol, marches …), le port de chaussures adaptées, l’installation de veilleuses, de barres de maintien ou la mise en place de repères visuels et la scénarisation des espaces (cuisine, salon…) avec des objets familiers du quotidien. Un ergothérapeute peut aider à adapter l’habitat.
La structuration du temps joue aussi un rôle important : établir une routine stable, avec des heures fixes pour les repas, le coucher, et des activités simples (pliage de linge, mise de table, petites tâches domestiques…). Ces repères peuvent réduire l’anxiété et améliorer l’endormissement.
Il est également important d’adopter une posture d’écoute et d’accompagnement. Si la personne manifeste une volonté de partir, de chercher sa maison ou ses enfants, il est préférable de ne pas contredire frontalement, mais de l’accompagner dans sa réalité du moment, par exemple en évoquant des souvenirs, en lui montrant des photos ou en lui proposant une promenade, afin de détourner l’attention sur autre chose. Ce type d’attitude rassure davantage que la confrontation.
Enfin, il ne faut pas hésiter à solliciter les ressources existantes : médecin traitant, structures de répit, accueils de jour, séjours de courte durée, plateformes d’accompagnement des aidants. Prévenir l’épuisement des aidants est une condition essentielle du maintien à domicile.